chapitre 9
Estompe
Qhuinn y était. Après tant d’années de souffrance dans sa vie, il avait fini par y entrer. Il portait des vêtements blancs. Mais était-ce vraiment sa place ?
Il regarda autour de lui, tout était lumière et blancheur. Il n’osait pas bouger de peur que tout ne soit qu’illusion et que sa place ne soit ailleurs. Dans le Dhund. Il attendit. Il ne savait pas combien de temps il resta dans cette position. Puis, il se décida à avancer, avec précaution. Un pas, puis un autre. Petit à petit. Personne ne venait à sa rencontre. Etait-ce normal ?
Surement. Il marcha sans savoir où il allait ni où ça allait le mener. Au bout d’un certain nombre de pas, il finit par s’arrêter. Non pas d’épuisement mais il ne voyait pas ce qu’il devait faire.
- Soldat.
Qhuinn sursauta. Il chercha la personne qui l’avait interpellé.
- Soldat Qhuinn, ancien fils de Lohstrong. Prosterne-toi devant moi.
Il vit une ombre noire s’approcher de lui. Pendant un instant, il pensa que c’était l’Oméga en personne qui venait le chercher.
- Tranquillise-toi mon enfant. Je ne te ferai aucun mal. Sauf si tu ne me laisses pas le choix
- Vierge Scribe ?!
Aussitôt, il mit un genou au sol et baissa la tête.
- Je ne savais pas que c’était vous… je …
- Cela suffit, mon enfant. (Elle s’arrêta devant) Tu es enfin là, mon enfant. Ta tâche s’est accomplie dans le monde des vivants.
Qhuinn, se sentit attristé mais elle avait raison. Sa tâche s’est achevée. Il a pu toucher du bout des doigts le bonheur absolu avec Blay et c’était tout ce qui lui importait.
- J’entends tes pensées. Je connais tes émotions. Je sais ce qui t’émoie. (Elle le contourna) Tu veux rester ici mais en même temps tu veux retourner là-bas. Pour le voir. Tu ne sais si ta place est parmi les tiens à l’Estompe ou dans le Dhund. (Elle s’arrêta de nouveau devant lui) Je peux répondre à toutes tes questions, toutes tes envies. Mais rien n’est donné sans condition.
- Vraiment ? dit-il en relevant la tête surpris
- Pas de question !!! dit-elle d’un ton cassant et dur. Les guerriers ne vous ont pas appris les règles !
- Mes excuses Vierge Scribe (il rebaissa la tête, honteux de son geste)
- Je préfère. Sinon, tu peux dire adieu à l’offre que je pourrais te faire.
La Vierge Scribe s’éloigna de lui.
- Voici ma proposition : soit tu restes ici et tu ne vas plus le voir. Soit, au vu des circonstances, tu reviens dans le monde des vivants … en lesser
Le cœur de Qhuinn, s’il en avait encore un, cessa de battre. Comment pouvait-elle ? Il suffoqua comme si tout l’air du monde avait déserté ses poumons. Il se mit à trembler de tout son corps.
- Quoi ? d’une voix tremblante
- Soldat. Je crois que la deuxième option de vie vous sera accordée !
- Non ! attendez (il mit son autre genou à terre et la supplia) s’il vous plait. Ne me faites pas cela. Je… non je ne peux pas.
Il se mit à pleurer. Quitte à choisir, autant rester mort que de vivre un enfer pareil. Quitte à ne plus revoir Blay. Elle revenait vers lui et se mit à son niveau. Sa robe forma un halo noir. Elle lui toucha la tête sans aucune compassion.
- Mon enfant, ainsi vont les choses. Il ne peut en être autrement. Mais, je peux te proposer autre chose. Encore moins douloureux que ceux-là. Je te fais revivre et en échange, je prendrais la mémoire de Blay. Tous ses souvenirs. Tous ce qui est en rapport avec toi. Tu n’existeras plus pour lui. Ni pour les guerriers.
Ses larmes avaient cessé. Il resta silencieux.
- Je peux me permettre une requête Vierge Scribe ?
Elle resta silencieuse car il venait de lui poser une question. Mais pour cette fois…
- Je t’écoute
Il redressa sa tête et regarda l’ombre noire.
- Promettez-moi que Blay aura une vie longue et heureuse. Je vous le conjure, faites qu’il soit heureux à l’avenir. Je suis prêt à tout pour qu’il soit heureux. Depuis le début, je voulais qu’il m’oublie. Qu’il fasse sa vie avec quelqu’un d’autre…mais ça n’as pas marché… je l’aime plus que tout. Je suis prêt à sacrifier mon bonheur, pour le sien. S’il vous plait !! (il se courba) S’il vous plait, protégez-le !
Elle se leva et le regarda. Puis abaissa sa capuche.
- Soldat Qhuinn, relève ta tête et lève-toi.
Il s’exécuta et découvrit pour la première fois le visage de la Déesse. Elle était si belle. Il détourna la tête si rapidement.
- Regarde-moi, soldat
Il l’a regarda
- Au vu de ta réponse, je pense que cette idée te convient le mieux. Sache que c’est la meilleur chose à faire pour vous deux. Un nouveau départ, comme le disent les humains. Vas. Il est temps pour toi de commencer cette nouvelle vie.
Elle tendit le doigt en direction d’une entrée lumineuse. Qhuinn hésita a y aller l’espace d’une minute. Perdre son pyrocant de cette façon était horrible. Se souvenir de lui sans que ce dernier ne soit conscient de sa présence. Il pourrait le voir à distance… non, il ne fallait pas. Il s’avança vers la sortie, regarda derrière lui. Elle était toujours là. Puis il franchit cette entrée qui le conduisait dans son monde, mais loin de tous les siens et surtout loin de son amour.
Il ouvrit les yeux en aspirant de l’air. Puis toussa. Il haleta. Il regarda autour de lui. Il était dans un bloc opératoire et il était de nouveau nu. Il suffoqua pris de panique. Il se redressa rapidement et descendit aussi vite que possible de la table métallique. Il tomba car ses jambes ne pouvaient pas le supporter ; il rampa jusqu’à la sortie et se releva. Cet endroit lui rappelait quelque chose. Il marcha avec lenteur dans les couloirs
Il sortit par une entrée caché et se retrouva dans un hall.
- Mais … c’est le hall du manoir ?!
Il continua sur sa lancée et monta à l’étage. Il voulait être sûr qu’il était bien là où il semblait être. Le manoir était si silencieux. Il arriva devant la porte de Blay. Seigneur… est ce qu’il avait vraiment le droit d’y entrer ? Est-ce qu’il devait y aller ? Blay ne devait pas s’en souvenir de lui, à quoi bon…
C’est à ce moment là que la porte choisit de s’entre- bailler. Qhuinn fut surpris car il n’y avait pas de courant d’air à cet instant. Il poussa doucement la porte. Les stores étaient baissés et la chambre était éclairée par la seule lampe de chevet. Il entra et ferma la porte derrière lui. Entendant des pleurs et des bruits de verre sur lequel on marchait, il s’approcha de plus en plus intrigué et vit Blay, tout de blanc vêtu, à faire son deuil.
- Blay ?
Blay se retourna surpris et se releva effrayé.
- Non ce n’est pas possible ?!
- Blay ? tu te souviens de moi ? (Non, c’était impossible. Il y avait un truc qui ne tournait pas rond)
- Tu es mort ! Je t’es vu mourir !
- Je…
- Qhuinn …
- Oui ?
- C’est vraiment toi ?
- Je crois…
- Je ne rêve pas ?
- Viens vérifier
Blay réduisit la distance entre eux et sauta dans ses bras en pleurs. Qhuinn se mit à pleurer à son tour. Blay se souvenait de lui alors qu’il avait perdu tout espoir. Il se souvenait de lui et il était au manoir.
- Mon amour, hoqueta Blay, mon amour, je t’aime tant. Je t’aime plus que tout. Je ne veux plus te perdre.
- Je t’aime aussi, Blay. Mais… Comment est-ce possible que tu te souviennes de moi ?
- Quoi ? (il s’écarta un peu et le regarda dans les yeux). Oh ! Qhuinn…
L’expression de Blay inquiéta Qhuinn. Il se toucha le visage. Ses piercings étaient de nouveau là et il devait supposer que ses tatouages aussi. Mais qu’est ce qui faisait que Blay soit aussi perturbé ?
- Je vais répondre à cette question, soldat
Tous deux restèrent figés en voyant la Vierge Scribe apparaitre dans la chambre.
- J’ai écouté ta requête, soldat. Et vu ce qu’advenait ton amant. J’ai donc décidé de te ramener à la vie, sans lui prendre sa mémoire mais en retour, tu garderas tes yeux noirs. C’est le seul gage que je te demande.
- Mais…
L’air devenait glacial subitement.
- Mes excuses
- Tu veux que reprennes ce que je t’ai offert ?
- Non. Je tiens à le garder
- Parfait. Soldat Blay. Prends soin du soldat Qhuinn. J’espère vous revoir très bientôt.
Elle disparut aussitôt.
- Oh Qhuinn !!! je t’aime !
- Moi aussi, je t’aime, Blay !! Il n’arrivait toujours pas à croire sa chance.
Il lui leva la tête et l’embrassa passionnément. Blay l’enlaça. Leur langues se rejoignirent et dansèrent leur plus belle valse. Blay ronronna quand il sentit le piercing de Qhuinn taquiner sa langue. Il aimait ce piercing et il rêvait de pouvoir le sentir sur son sexe, et découvrir l’effet que ça faisait. Il en frissonna d’anticipation.
- Tu as froid, Blay ?
- Non gros bêta, embrasse-moi encore
Il lui reprit les lèvres avec gourmandise, ne voulant plus le lâcher de peur que tout ceci ne soit qu’une illusion. Qhuinn souleva Blay et le déposa sur le lit. Blay sentit l’érection de Qhuinn à travers le tissu. Bordel ! Que demander de plus. Il interrompit le baiser le temps d’enlever sa tunique ainsi que son pantalon ample. Et, reprit ce qu’il avait interrompu. Il gémissait au contact de sa peau sur la sienne. Qhuinn le caressait délicatement mais néanmoins avec avidité. Il emmêlait ses doigts dans ses cheveux soyeux, il embrassait son visage, puis son cou. Le mordillant. Il entendit Qhuinn gémir et ça le rendait heureux.
Qhuinn, prenait soin du corps de Blay. Il touchait avec adoration chaque parcelle de sa peau. Elle était si douce sous sa main. Son pyrocant lui mordilla la nuque ce qui déclencha un gémissement chez lui. Il frotta son sexe contre celui de son amour. Ça l’excitait au point de le rendre fou de désir.
- Blay….
- Oui ? répondit langoureusement Blay, en continuant à l’embrasser
- Je t’aime tant
- Moi aussi, répondit-il en souriant
Qhuinn prit entre ses mains les deux membres et les masturba ensemble. Blay gémit à son tour car le piercing sur la verge de son amant, lui donnait des sensations à vous arracher la peau de plaisir. Qhuinn se mit à son aise et continua son manège. Son amour s’arcbouta. Il accéléra ses va-et-vient ce qui déclencha la jouissance de ce dernier puis la sienne.
Des jets de sperme atterrirent sur le ventre de Blay. Qhuinn ne le laissa pas se reposer. Il prit du sperme et imprégna son membre encore en pleine forme. Il se plaça entre ses jambes Blay. Il reprit encore un peu sperme et avec deux doigts, il le pénétra délicatement. Blay feula et souleva son bassin pour mieux accueillir ses doigts. Qhuinn avait rêvé de ce moment et voici que réalité dépassait ses rêves les plus fous. Il retira ses doigts, écarta les fesses de Blay et le pénétra.
- Qhuinn !!!!
Son gland était à peine entré, qu’il s’arrêta, puis pris son temps pour y entrer. Il poussa lentement, ressortit, rentra et ressortit de nouveau jusqu’à ce que son sexe soit entièrement entré. Quand ce fut le cas, il s’arrêta un moment le temps que Blay s’habitue à sa présence en lui et que lui réalise enfin qu’il faisait de lui sien. Avec le piercing, la sensation devait être tout autre.
- Blay… (il recommença à bouger) dis-moi ce que tu ressens ?
- Je… je me sens défaillir… haaannn Qhuinn… ne t’arrête pas…
- Ah oui ? (il s’arrêta)
- HAAAANNNN !!!!! QHUIIIIINNN !!!! ne t’arrête pas !!!!
Blay s’arcbouta pour réclamer son dû et bougea alors que Qhuinn ne faisait rien.
- Qhuinn !!!
- Tu es si beau ainsi, mon cœur
- Qhinn !!!
Il tenait ses hanches et accentuait ses va et viens. Son membre gonflé était serré dans le cul étroit de Blay. Mais il aimait ça. Il donnait des coups de butoir qui claqua sur ses fesses. Il prit le sexe de son amant en main et le masturba en même temps. Il n’y avait que deux sons perceptibles : leur respiration haletante et le bruit de leur corps qui s’entrechoquaient. Qhuinn se sentait proche de l’éjaculation.
- Qhuinn…. Jouis… Jouis en moi…. Jouis pour moi
A ces mots, il atteignit l’orgasme, tous crocs sortis.
- Qhuinn… viens (il le présenta sa nuque) mords moi.
Qhuinn planta ses crocs et aspira voracement son sang. Celui de son amant. Celui qui deviendra à jamais son hellren. Une larme coula des yeux de Qhuinn car pour la première fois de toute sa vie, il était comblé et heureux. Blay explosa à son tour dans un orgasme fulgurant. La vague passée, il le serra dans ses bras en sueur. Le rassurant. Le berçant.
- Je suis là, Qhuinn
- Suis désolé, Blay, c’est l’émotion
Qhuinn roula sur le côté sans le lâcher. Il souriait et caressa la joue du rouquin. Puis, il toucha l’oreille droite de Blay.
- Blay, tu es percé ?
- Oui, sourit-il, c’est Bella qui me l’a fait et (il lui montra son collier) ce sont les shellanes qui m’ont offert la chaine.
- Oh merde… (il prit entre ses mains le pendentif) tu es magnifique ainsi.
- Toi aussi. Même si faut que je m’habitue à ces yeux.
- Je mettrai des lentilles de contact
- Non tu ne feras rien
- T’es sûr ?
- Certain!
- Faudrait prévenir les frères, non ?
- Ouais ! on y va maintenant ?
- Oui comme ça, je t’aurai toute la nuit rien à moi.
Ils prirent leur douche ensemble où ils firent l’amour encore une fois, s’habillèrent dans la penderie mais ils se désiraient tellement l’un l’autre qu’ils ne réussirent à en sortir avant d’avoir eu une autre session d’enfer. Les stores se levèrent, signe que la nuit avait reprit ses droits.
- T’es prêt nallum ? demanda Blay
- Prêt
Et c’est la main dans la main, qu’ils se rendirent dans le bureau du Roi, annoncer le retour du soldat. « Quoiqu’il arrive, je t’aimerai toujours », pensèrent tout deux, sourire aux lèvres.
Mer 20 Fév - 22:51 par clochinette