chapitre 3

Centre- ville, Caldwell (New Jersey, USA)



La nuit était calme et sans lune. Chacun vaquait à ses occupations en attendant d’arriver au point de rendez-vous. Qhuinn au volant du Hummer, John à ses côtés, Johan et Blay à l’arrière. Tous étaient calmes et silencieux. Concentrés, ou presque. Qhuinn, sentait par moments le regard de Blay dans son dos. Et quand il jetait un coup d’œil dans le rétroviseur, il tombait sous son regard saphir. Pour briser ce silence et alléger cette ambiance pesante, il alluma l’autoradio et du rock en sortit à pleine puissance. Le chemin se poursuivit ainsi. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent au point de rendez-vous.

La rue était déserte, pas d’âme qui vive. Qhuinn se gara dans un coin reculé et ils descendirent une fois le moteur coupé.



- Bien, commença Qhuinn. On fait quoi ?

- On se dispache pour couvrir un max de zone, répondit Johan

- Il a raison, signa John. Johan et moi on va ensemble

Il toucha l’épaule de Johan, comme pour lui signaler de son accord. Ce dernier hocha la tête.

- Ça marche mec !

- Attends, comment vous allez communiquer ?

- Ne t’occupe pas de ça. dit Johan en tapotant la main de John. Je ne suis pas totalement aveugle, je te rappelle.

- Tu vois à peine, Johan, dit Blay.

- T’inquiète, signa John. Aller on y va.

- On vous appellera si on trouve quelque chose

Puis, ils les quittèrent. Qhuinn, prit son courage à deux mains et affronta le regard de Blay.

- Maintenant qu’on est seuls, on va dans quelle direction ?

- Je te suis, Qhuinn, rétorqua Blay avec désintérêt

- ….. Ok



Ils marchèrent le long de la ruelle en silence. Chacun regardant des deux côtés à la recherche d’un moindre signe à donner. Mais rien ne se présenta à eux. Au bout de trois heures de marche, Qhuinn décida d’appeler les J pour savoir où ils en étaient ; au même moment, le portable Blay sonna.

- Allô ?

Son visage changea d’apparence

- Ok, on arrive, dit-il en raccrochant rapidement. Johan et John ont trouvé quelque chose. Faut qu’on aille les rejoindre.

- Ils sont où ? demanda Qhuinn en se mettant à courir.

- Pas loin du pont Hudson, là où il y a des trafics portuaires.

Ils couraient aussi vite qu’ils le pouvaient. Ils aperçurent les J, cachés derrière un mur. De là, ils voyaient tout ce qui se passait dans la rue d’en face.

- Alors qu’est ce qu’il se passe, demanda Qhuinn

- Chut, on va se faire repérer….regarde…



John, montra un coin de rue d’où l’on pouvait voir deux personnes discuter.

- Rien d’anormal…

- Chut Qhuinn !! lança Johan concentré sur ce qui se passait devant lui. Il est tellement concentré qu’on peut se dire qu’il voit tout la scène.

- Des lessers droit devant

- Tu en es sûr ? demanda Blay

- Sans aucun doute. Mon flaire ne me trompe pas. D’ailleurs il y a plus que deux personnes, il y a des vampires dont un en bas âge. Et des …. Merde d’autres lessers approchent d’ici, faut qu’on les aide.

Johan était prêt à l’assaut.

- Non attends Johan, le retint Blay, on doit appeler les frères pour leur dire qu’on…

Des cris retentirent dans la ruelle d’en face.

- Des lessers la retiennent, elle et son petit.

- Il faut l’aider !



Qhuinn et les J sortirent de leur cachette et passèrent à l’attaque pendant que Blay appelait les autres frères à la rescousse en sortant son 9mm. Qhuinn, qui a avait sorti son arme, tira en premier sur l’un des lessers et le toucha à l’épaule. L’un deux cria :

- Les voilà ! attrapez- les !!

De là, une horde de poudreuses firent leur apparition. Ils sont beaucoup plus nombreux que les quatre soldats. Johan fonça directement vers la femelle qui avait pris la fuite avec le jeune mais elle était pourchassée par des lessers.

- Non Johan ! hurla Blay qui continuait à tirer sur les lessers. Et merde !!!

Qhuinn le suivit avant même que Blay n’ait pu empêche. Une balle passa devant Blay qui perdit un millimètre de cheveux roux.

- Merde !

Il se mit à couvert avec John qui était resté avec lui. Cette fois, ils n’étaient pas sûr de sortir vivant dans cet échange de tirs.



Plus loin de la zone de tir, Qhuinn et Johan pourchassaient les lessers qui s’étaient mis à courir derrière la femelle. Qhuinn pensait que s’il tirait à cette distance, il risquait de blesser la femelle. Il accéléra le pas de course. Johan quant à lui, était largement devant . En le regardant, on jurerait qu’il n’était pas aveugle. Pourtant, il l’était – du moins partiellement. Il ne distinguait que des ombres, mais ne distinguait ni couleur ni forme précise. C’est un lesser qui l’a rendu ainsi. Son odorat était sa meilleure arme. Un des talqués tira sur la femelle et la toucha à l’épaule. Cette dernière hurla et perdit l’équilibre avec le jeune dans ses bras. Après avoir roulé sur elle-même, elle tenta tant bien que mal de se redresser. L’enfant criant toujours dans ses bras, un autre lesser arrivant de l’autre coté et se plaça devant elle.



- Il est temps de dire adieu à ce monde, ma belle.

- Il nous la faut vivante. D’ailleurs le petit aussi.

- Non, s’il vous plait ! dit la femelle en reculant, morte de peur. Ma fille….

- Rien à secouer, répondit l’un des lessers, arme en main.

- NOOOOOONNN !!!!! hurle Johan qui arriva …trop tard.



Le lesser tira une balle dans la tête de la femelle qui s’écroula sur le sol. Johan, fou de rage, sauta sur le lesser qui avait tiré. Qhuinn fit de même sur l’autre lesser qui tenta de prendre le jeune en larmes des bras de sa mère morte.

Le combat faisait rage. Qhuinn se tenait en position de combat. Souffle court et les yeux remplis de haine. L’autre lesser semblait lui aussi s’y connaitre en arts de combat.

- Alors vampire, tu veux te venger ? ricanait le talqué. Viens je t’attends ! ajouta-t-il en courant vers lui.

- La ferme ! hurla un Qhuin en colère

Tous deux, se percutèrent à coup de poings au visage mais aucun ne céda. Qhuinn, sortit sa dague et la lance vers le talqué dans un mouvement de recul. Ce dernier l’esquiva et revint à la charge. Qhuinn, en ressortit une deuxième et la planta dans l’épaule du talqué qui hurla à mort. Il retira la lame et la planta cette fois dans le cou. Une giclée de sang noir en sortit. Le puant recula sous l’effet de l’attaque et lui lança un regard haineux.



- ENFOIRE DE SUCEUR DE SANG !!!! hurla le blanc talqué. JE VAIS TE FAIRE LA PEAU !!!!

Il se jeta sur Qhuinn, qui perdit l’équilibre. Le puant se trouva au-dessus de lui, tentant de l’étrangler. Quinn, chercha à le poignarder tant bien que mal, mais dans sa chute il perdit sa lame. Même si cette dernière n’était pas très loin de sa main, il fut difficile de la récupérer



- Crève saleté !! assena le lesser tout en resserrant sa poigne autour du cou de sa victime



Qhuinn, se retrouva à court d’air et ses yeux révulsaient. Soudain, un coup de feu retentit et le lesser s’écroula sur lui, raide mort. Il le poussa rapidement sur le côté mais resta sur le dos à reprendre son souffle. Il se mit à tousser et chercha du regard qui avait bien pu tirer. Mais ne vit personne. Il roula difficilement sur le ventre et se leva. Il boitait légèrement, surement dû à sa chute. Rien de bien grave. Il chercha Johan du regard mais ne mais ne le vit nulle part.



- JOHAN !!!! hurla-t- il en s’avançant.

Il finit par le trouver dans un coin avec l’enfant dans ses bras et le lesser dans un sale état. Complètement charcuté. Il y avait du sang partout et Johan ne semblait pas trop amoché.

- Eh mec ! ça va ? s’inquiéta-t-il

- Ouais… répondit Johan, le regard dans le vide.

Il caressa l’enfant qui semblait être calmé et qui le tint fermement de ses petites mains. Il devait avoir trois ans. Des cheveux mi long, de petites fossettes, et…mais c’est une fille ! Johan se lèva en faisant attention de ne pas glisser sur la mare de sang épaisse. Il ne lâcha pas l’enfant.

- Et si on allait voir les autres ?

- Je te suis….



Ils marchèrent avec difficulté à la rencontre des autres. Enfin, les frères étaient là. Rhage avait dû faire le ménage avec la bête car il y avait des traces de lutte. Par chance, il restait un lesser de vivant qui se fait interroger par Tohrment et Z.



- Où est ce que vous étiez vous deux ? les sermonna Tohrment en s’approchant furieusement d’eux. Bordel, on vous a dit de ne pas jouer au héros. Par chance, vous n’avez rien, ce qui n’est pas le cas de Blay et John.

- Quoi ? Blay ! répliqua Qhuinn, subitement pris de panique.

- Rien de grave, répondit V dont ses cristaux qui lui sevraient d’yeux lançaient des éclairs. Nous l’avons déjà transporté à la clinique avec les autres blessés. Et cette enfant, d’où elle sort ? indiqua-t-il du montent.

- C’est la gamine qui avait été sauvée. Sa mère, qui devait être toxico est morte…son corps est plus bas…

- On va s’en occuper. Vous deux, rentrez au manoir. Non avant ça, amenez la petite au refuge.



A ces paroles, Johan se raidit.



- Pourquoi l’emmener au refuge ? je peux m’en occuper…

- Johan, intervint Phury, la place de cette enfant est au refuge. Elle n’a pas sa place au manoir.

- Mais…

- Y a pas de mais ! elle risque sa vie si elle vient avec nous, déclare Tohrment furieux.



Johan ne put rien dire face à ça. Qhuinn le regarda d’un air inquiet mais ce qui l’inquiétait encore plus, c’est Blay. Que lui est-il arrivé ? Il devait à tout prix le savoir.

- Bon on y va. Il nous a rien dit d’intéressant, dit Z après avoir exécuté le lesser.

Ils se dirigèrent vers le Hummer de Qhuinn. Ce fut Tohrment qui prit le volant. Tout le trajet se fit dans un silence cérémonieux. Ils passèrent d’abord au refuge. Mary semblait les attendre à l’entrée mais aucun d’entre eux ne descendit de la voiture de peur d’effrayer les femelles. Après discussion avec Mary et Marissa, Johan finit par leur confier la petite dans une crise de larmes de l’enfant. Ils arrivèrent enfin au manoir. Qhuinn fut le premier à descendre de la voiture, à peine moteur coupé. Il monta les marches quatre à quatre, malgré la douleur, pour arriver devant la clinique. Il tomba sur Manny qui sortait du bloc opératoire.

- Blay ! comment va Blay , demanda-t-il complètement paniqué

- Eh Qhuinn ! ne t’inquiète pas pour Blay, il va bien, répondit calmement Manny en jetant une paire de gants à la poubelle. Il a juste reçu une balle à l’épaule droite et une à la poitrine. Mais aucun de ces points vitaux ont été atteints. Il devrait se remettre sur pied d’ici quelques jours.

- Je peux le voir, demanda-t-il en commençant déjà à avancer vers la salle d’opération.

- Non, pas maintenant. Il se repose. Mais … tu ne demandes pas des nouvelles de John ? interrogea-t-il intrigué.

- Ah ! surpris, euh… oui, il va bien John ?

Manny rit à gorge déployée.



- Oui, il va bien ! rien de grave non plus. Juste une blessure à la jambe causée pas une lame, profondeur de 5 cm. Et toi ? Tu m’as l’air bien sonné.

- Ça va pour moi, juste une foulure.

- Montre pour voir



Manny s’approche de lui mais il recula.

- Non ça ira…

- Je passerai dans ta chambre tout à l’heure

- Non…

- Tu ne discutes pas avec le doc, lança V qui venait d’apparaitre dans l’embrassure de la clinique.

- Je…

- Qu’est-ce que je viens de te dire à l’instant ? le coupa-t-il en lui montrant les crocs.

- Ok…j’y vais



Qhuinn quitta les beaux-frères, et alla dans sa chambre. Il passa dans la salle de bain, vira ses vêtements tachés de sang. Il entra dans la douche et ouvrit le jet d’eau froide. Putain, Blay ! Il faut à tout prix qu’il lui parle. Il ferma ses yeux et repensa à lui. Il l’imaginait sur le lit d’hôpital, presque mort. Respirant à peine. Il eu de la peine. Il avait peur de le perdre à tout moment. Une larme coula sur sa joue, suivie d’une autre et il finit par éclater en sanglot. Il se mit à genoux dans la cabine de douche, en suppliant la Vierge de le protéger.



Laboratoire désaffecté de monsieur E, loin de la ville de Caldwell



E, avait suivi la plupart de ses hommes de main. Et ce qu’il avait vu l’a rendu extrêmement content. Non pas l’attaque foireuse sur cette femme, mais ce jeune homme…ses yeux. Il est tout ce qu’il recherchait. L’imperfection dans l’imparfait. Un sourire sadique se dessina sur son visage. Il le voulait et il allait l’avoir !

L’un de ses sbires revint.

- Monsieur….

- Chut ! l’interrompit E en levant son index. J’ai trouvé mon bonheur.

- Ah oui ?! demanda-t-il surpris

- Pour te racheter, j’aimerais que tu trouves une solution pour le capturer.

- Lequel ?

- Tu le sauras bien assez tôt. Cette fois, dit-il en marchant le long du couloir, je viendrai avec toi.

- Que nous deux ?

- Oui. Que nous deux. Je te confie la tâche de mettre en place le piège. Je m’occuperai du reste.

- Parfait monsieur E. je me charge le faire



E sourit de toutes ses dents, car il avait hâte de l’avoir entre ses mains

- Oui, bientôt tu m’appartiendras…